La théorie de la structuration
d'Antony Giddens
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La dualité du structurel
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La
compétence des acteurs : conscience pratique et conscience discursive
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Les conséquences
non intentionnelles de l'action
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Critique de l'évolutionnisme
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Système,
intégration sociale et intégration systémique ou le
micro réabsoirbé par le macro
Chercheur britannique, Anthony
Giddens est aujourd'hui professeur de sociologie à l'université
de Cambridge. Ses travaux sont particulièrement discutés
aux Etats-Unis depuis les années 70, mais ont été
introduite tardivement en France avec la traduction de La Constitution
de la société - Eléments de la théorie de la
structuration en 1987. L'oeuvre d'Antony Giddens, à
la différence de celle de Norbert Elias ou de Pierre
Bourdieu, est surtout théorique. Il a ainsi essayé
de combiner, au sein d'une théroei de lastructuration, une double
sociologie des strucures sociales et de l'action, dont nous n'aborderons
que quelques-unes des articulations. Le concept de structuration vise d'abord
à nous faire appréhender les structures sociales sous l'angle
du mouvement. Il le définit ainsi : "procès des relations
sociales qui se structurent dans le temps et dans l'espace via la dualité
du structurel".
1-. La dualité du structurel
Cette notion de dualité du structurel peut s'exprimer
de différentes façons. On peut d'abord avancer "que les
propriétés structurelles des systèmes sociaux sont
à la fois des conditions et des résultats des activités
accomplies par les agents qui font partie de ces systèmes".
Il s'agit d'une vision circulaire de la construction du monde social, où
ses dimensions structurantes sont à la fois avant l'action, comme
ses conditions, et après, comme des produits de celle-ci. Ces aspects
strucurants, à travers lesquels le chercheur tente d'appréhender
ce en quoi "des relations sociales se stabilisent dans le temps et dans
l'expact", se distinguent donc de l'action humaine située ici
et maintenant,mais en même temps, ils "n'existent pas en dehors
de l'action" présente. Outil abstrait forgé par le sociologue
afin dee saisir ce qui, stabilité, ne s'invente pas dans chaque
nouvelle interaction, le structurel n'a toutefois de réalité
empiriquement saisissable qu'actualisé dans l'action et l'interaction.
Mais la notion de "dualité du structurel"
peut être vue sous un autre angle : l'affirmation que "le structurel
est toujours à la fois contraignant et habilitant" et qu'il
renvoie donc conjointement aux notions de contrainte et de compétence.
Par exemple, l'apprentissage de notre langue maternelle contraint nos capacités
d'expression, et donc limité nos possibilités de connaissancs
et d'action, mais, dans le même temps, nous donne une habilité,
rend possible tout un ensemble d'actions et d'échanges.
2-.
La compétence des acteurs : conscience pratique et conscience discursive
Intégrant une sociologie de l'action, la théorie
de la structuation nous présente donc des acteurs sociaux compétents
; la compétence étant entendue comme "tout ce que les
acteurs connaissent (ou croient), de façon tacite ou discursive,
sur les circonstances de leur action et de celle des autres, et qu'ils
utilisent dans la production et la reproduction de l'action". Cette
compétence souligne notamment une capacité réflexive
des acteurs humains, "constamment engagés dans le flot des conduites
quotidiennes", c'est-à-dire qu'ils sont "capables de comprendre
ce qu'ils font pendant qu'ils le font". Mais cette "réflexivité
n'opère qu'en partie au niveau discursif" et, au sein de la
compétence humaine, Anthony Giddens est amené à distinguer
la conscience discurcive et la conscience pratique. La conscience discursive
renvoie à "tout ce que les acteurs peuvent exprimer de façon
verbale (orale ou écrite)".
c'est-à-dire ce à quoi on réduit
couramment la notion de conscience. La conscience pratique, notion plus
originale, vise "tout ce que les acteurs connaissent de façon
tacite, tout ce qu'ils savent faire dans la vie sociale sans pouvoir l'exprimer
directement de façon discurcive" et n'est pas sans lien avec
la notion de routine. La frontière entre ces deux modalités
de la compétence sont flottantes et changeantes. Par contre, Anthony
Giddens note, en référence à la théorie psychanilytique
de Sigmeund Freud (1859 - 1939), qu'il "il existe des barrières,
en particulier le refoulement, entre la conscience discurcive et l'inconscient"
; l'inconscient incluant "les formes de cognition ou d'impultion qui
sont totalement refoulées, ou qui n'apparaissent dans la conscience
qu'une fois déformé". L'inconscient constitue une des
limites de la compétence des acteurs humains.
La prise en compte de la compétence humaine, même
limitée, conduit Anthony Giddens à envisager de manière
non rigide les rapports entre connaissance ordinaire et connaissance savante
du monde social : " aucune ligne de démarcation claire ne sépare
les acteurs 'irdinaires' des spécialistes lorsqu'il s'agit de réflexion
sociologique documentée. Des lignes de démarcation existent,
certes, mais elles sont inévitablement floues ". Par eilleurs, dans
une vue dynamique de cette non-étanchéité, il note
que les théories des sciences sociales " s'entrelacent plus ou moins
avec ds théories-en-usage " des acteurs. Cela ne signifie toutefois
pas qu'acteurs et chercheurs utilisent les mêmes types de critères
pour élavluer leurs analyse. Anthony Giddens parle des " critères
de crédibilité " utilisés par les acteurs pour se
rendre compte de ce qu'ils font, et des " critères de lavidité
", auxquels se réfèrent les chercheurs en sciences sociales
pour soutenir les résultats de leurs travaux ou juger cuex des autres.
On a essayé de prolonger et d'affiner ce type de démarche
en envisageant tout à la fois les proximités et les différences,
les continuités et les discontinuités,mais aussi les interrelations
dans un processus de réalimentation réciporque (des acteurs
vers les chercheurs comme des chercheurs vers les acteurs), des savoirs
sociaux des acteurs et de ceux des chercheurs en sciences sociales.
3-.
Les conséquences non intentionnelles de l'action
Pour Anthony Giddens, " les propriétés
structurés des systèmes sociaux s'étendent dans le
temps et dans l'espace, bien au-delà du contrôle que peut
exercer chaque acteur ". Les conséquences non intentionnelles de
l'action constituent alors, avec l'inconscient, une des limites principales
de la compétence des acteurs sociaux.
Avec ce concept, Anthony Giddens intègre à
sa théorie de la structuration une notion classique en sociologie,
depuis le fonctionnalisme de Robert Merton
et ses " conséquences non anticipées de l'action sociale
fanalisée " jusqu'à l'individualisme méthodologique
de Raymond Boudon
et ses " effets pervers "? De quoi s'agit-il ? " Du cours de l'action surgissent
sans cesse des conséquences non voulues par les acteurs et, de façon
rétroactive, ces conséquances non intentionnelles peuvent
devenir des conditions non rreconnues d'actions ultérieures "? c'est
alors une véritable dialiectique de l'intentionnel (l'intentionnel
de tel acteur accomplissant tel acte) étant pris dans des séquences
d'action complexes qui tendent à lui échapper et qui portent
l'action plus loin que lui. Anthony Giddens prend l'exemple de la lumière
et du cambrioleur. L'action allumant la lumière de son appartement
en rentrant chez lui alerte le cambrioleur qui s'y trouve : celui-ci prend
alors la fuite, est arrêté par la police et fini en prison.
Or, l'intention de l'acteur n'était que d'éclairer la pièce.
La notion de conséquences non intentionnelles de l'action cherche
alors à répondre à la question : " Comment se fait-il
qu'un acte aussi banal que celui d'actionner un communateur a pu déclencher
une série d'évènements dont certains sont spatio-temporellement
fort éloignés de l'acte déclencheur ". cette notion
devient alors un médiateur et même une sorte de conducteur
d'actions et d'interatctions quotidiennes vers des espaces plus largesn
d'un point de vue spacial et temporel, sans que, à la différence
de la notion d'interdépendance chez Norbert Elias,
on appréhende les actions du point de vue d'un ensemble.
4-. Critique de l'évolutionnisme
Si Anthony Giddens accorde une grande importance à
l'histoire et à la dimension temporelle de l'action sociale, il
apparaït très critique à l'égard de l'évolutionnsiem,
c'est-à-dire de la " tendance à associer la temporalité
à une séquence linéaire et à penser l'histoire
de cette façon comee si elle était animée d'un mouvement
dont la direction est perceptible ". Un des dangers de l'évolutionnisme
est ce qu'il appelle " la compréhension uniliéaire " qui
rabat sur une seule ligne d'évolution générale les
mouvements propres aux sociétés humaines. Cette direction
de l'histoire n'est bien souvent que la généralisation d'un
aspect spécifique du travail de l'histoire, qui confond alors "
l'évolution générale avec une évolution spécifique
". On trouve ici des convergences avec la tentative de Raymond Boudon
pour restituer une place au hasard et au désordre, en mettant
en cause les théories à prétentions universalistes
du changement, du développeemnt ou de la modernisation.
Mais, avec sa critique, Anthony Giddens rejoint, par certains
aspects, une mise en cause encore plus radicale et systématique
des évolutionismes, formulée, en puisant dans l'oeuvre du
philosophe Friedrich Nietzche (1844 - 1900), par le philosophe-historien
Michel Foucault (1926 - 1984). Michel Faucault recherche, contre les "
genèses linaires " ayant pour ambition de " recueillir, dans une
totalité bien refermée sur soi, la diversité enfin
réduite du temps ", à redonner toute leur place au discontinu,
à l'erratique, à l'hétérogène, au singulier
et à l'accidentel, c'est-à-dire à " déployer
les dispersions et les différences ".
5-.
Système, intégration sociale et intégration systémique
ou le micro réabsoirbé par le macro
Anthony Giddens est amené à critiquer les
analyses classiques des sociologies fonctionalistes, et tout particulièrement,
la notion de fonction. Par une méthaohore biologiste identifiant
un système social à un corps humain doté de fonctions
naturelles, les explications fonctionnalistes négligent, selon lui,
la compétence et l'activité intentionnelle des acteurs, préférant
attribuer une logique et une rationnalité autosuffisantes au système
social lui-même. Ce faisant, elles pensent " avoir résolu
une question ", là où simplement a été " posé
un problème ". Anthony Giddens n'abandonne toutefois pas la tentation
de penser les parties d'un ensemble social en référence à
un tout, d'où le recours aux notions de " système sociale
". Le système social est défini comme " formation, à
travers l'espace-temps, de modèles régularisés de
relations sociales conçues comme pratiques reproduites ". C'est
donc bien un tout stabilité qui est visé, même s'il
est précisé que les sytèmes sociaux " possèdent
rarement la sorte d'unité interne qui caractérise nombre
de systèmes physiques et biologiques. L'intégration sociale
désigne le tout propre aux situations d'interaction, c'est-à-dire
la " récirpocité entre acteurs et collectivités dans
des circonstances de coprésence ", et l'intégration systémqieu
étend sa portée, en exprimant la " récipricité
entre acteurs et collectivités dans un espace-temps étendu,
hors des conditions de coprésence "? Anthony Giddens pense avoir
" dépassé la distinction micro : macro gràace à
ces concepts. Il apparaît plutôt que ses schémas conceptuels
restent tendus entre l'attention portée aux activités quotidiennes
des acteurs et le projet de les appréhender en fonction d'un tout
s'imposant nécessairement à eux. On rencontre à nouveau
ici la difficulté à penser de manière équilibrée
les processus de coproduction des parties et du tout.
On a donc vu avec Anthony Giddens une tentative théorique
nouvelle pour sortir des dualismes classiques des sciences sociales, mias
il ne semble pas que les soculetions esquissées soient complétement
à la hauteur des ambitions affichées. dans une science empirico-théorique
comme la soiologie, les problèmes posés ne peuvent sans doute
pas être résolus de façon exclusivement théorique.
En France, les travaux de Giddens, s'ils ont été assez bien
accueillis, n'ont pas encore eu beuacoup d'écho dans les recherches
proprement dites. C'est toutefois l'une des ressources utilisées
par Jean-François Bayart dans ses analyses
de sociologie politique sur l'Afrique
Sources :
Les nouvelles sociologies, Philippe Corcuff, Coll.
128, Nathan Université